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Boomerang, gifs animés : une heureuse tendance à se répéter en boucle !

Romu

5 septembre 2018

 

Une publication partagée par forever21 (@forever21) le

Vous l’avez peut-être déjà remarqué, le marketing est pris depuis quelques mois d’une étrange tendance graphique : la répétition inlassable de courts passages visuels ou auditifs. Après le selfie et la vue subjective, ce sont encore des réseaux sociaux que provient cette mode. Ainsi, depuis la création de l’application Boomerang, les marques Axe, Jacquet et Citroën (par la radio) se sont déjà prêtées à l’exercice !

BOOMERANG, QU’EST-CE QUE C’EST ?

C’est une extension, très accessible par son usage, de l’application Instagram. Celle-ci permet de créer une vidéo, d’une durée d’une seconde, lue dans un sens puis dans l’autre et tournant en boucle.

A quoi et à qui ça sert ? La boucle, une fois créée devient un support simple, léger et rapidement consommable qui offre l’opportunité d’exprimer une intention qu’un Balzac aurait probablement réussi à résumer en deux chapitres. Dans le contexte d’instantanéité des échanges des réseaux sociaux, où un silence supérieur à 2 minutes est ressenti comme le pire aveu d’indifférence, les boucles ouvrent un nouveau vocabulaire. Plus rapide et plus agréable, ce nouveau langage séduit et trouve immédiatement son exploitation chez les millenials qui sont les plus grands consommateurs de réseaux sociaux.

A CHAQUE GÉNÉRATION SON LANGAGE !

Javanais, argot, verlan, langage sms et émojis ; après avoir été compliqué, détourné, inversé, réduit et illustré le message se réincarne une fois de plus, sous une forme plus dynamique, la boucle. Ici, la création de Boomerang n’est que la suite logique d’un phénomène déjà très populaire sur internet : le gif animé.

Parfaitement adapté à son environnement, ce dialecte permet toutes les souplesses, subtilités et références qui enrichissent les conversations en valorisant le ressenti des interlocuteurs. Pour les millennials, aussi appelés génération Y, l’information n’existe qu’au travers de l’échange. Aussi la communication n’a de sens que si cette dernière reçoit immédiatement une réaction de la part de ses participants. L’écrit, outil de communication encore majoritairement utilisé par les technologies actuelles trouve ses limites quand il s’agit de rendre compte rapidement d’une émotion, d’une intention, d’une mimique, d’une action ou d’une description que seul le langage corporel retranscrit. La boucle comble ce manque et offre un nouveau procédé narratif à la communication.

LA RÉCUPÉRATION DE LA BOUCLE PAR LA COMMUNICATION

Vous l’aurez compris, le premier atout de la boucle est de dynamiser, donner du mouvement. En marketing, elle est utilisée pour cibler dans un premier temps les 15-25 ans qui ont déjà totalement intégré ce nouveau langage et/ou pour rajeunir par le style, la prise de parole d’une marque vieillissante.

Idéalement situé en lieu et place du packshot, habituellement statique et morose, cet effet crée aujourd’hui (ce sera de moins en moins vrai) un effet de surprise. Cette interpellation graphique est évidemment propice à la concentration du spectateur sur cet instant capital où se succèdent accroche et signature de la marque.

Du point de vue narratif, face à la problématique prononcée dans un spot publicitaire, pour lequel le produit ou le service constitue la clé de réponse qui vous invite à améliorer votre quotidien, la boucle par sa répétition, fige la temporalité. Elle vous propose implicitement de vivre ce moment clé à l’infini.

LE RETOUR DU MARKETING DE RÉPÉTITION ?​

Autre intérêt de la boucle : cet artifice offre la possibilité sur un même spot de répéter le slogan 2 à 3 fois. Pouvons-nous y voir un principe de matraquage publicitaire ? On ne va pas se gêner !

« Si juvabien, c’est Juvamine !», « Mercurochrome, le pansement des héros ! ». Si vous êtes né après les années 90, vous avez peut-être été épargné par cet attentat audiovisuel. Ce dernier avait pour principe d’enchainer 3 fois de suite le même spot publicitaire. Outre le désagrément occasionné sur le spectateur, le résultat était sans appel, terriblement efficace.

Le problème, ce sans quoi ce procédé serait toujours utilisé, était bien évidement, le mécontentement du spectateur et donc du potentiel client. Or s’il est une règle, sur laquelle tous bons communicants s’accordent : « le client a toujours raison ! ». Et si ce dernier fit remonter son mécontentement à une époque où la communication était unilatérale, il ne fallut pas attendre longtemps pour constater la mort de ce principe pourtant si prometteur.

Et c’est en l’an de grâce 2018, dans un terreau rendu fertile par les usages du web que le matraquage publicitaire renait de ses cendres grâce aux boucles. Il offre par son format court et dynamique le moyen de répéter et de répéter la quintessence du message publicitaire à savoir l’accroche, le slogan, bref le message que la marque laissera indélébilement dans l’esprit du spectateur enchanté et hypnotisé par le dynamisme visuel de l’effet.

Nous vous entendons déjà nous dire, « Mais ce procédé est vieux comme le monde ! », Instagram n’a rien inventé. George Lucas dans son premier Star Wars ou même (pour les plus poussiéreux d’entre nous) Auguste Lumière dans « Démolition d’un mur » en 1896 utilisaient déjà cet artifice.

 

C’est vrai, nous vous l’accordons et nous nous excusons auprès des lecteurs les plus jeunes qui pensaient en avoir fini des références antérieures à Facebook.

En effet, le procédé étant relativement vieux, ce qui crée la nouveauté, c’est le spectateur. Familiarisé à ce format par les réseaux sociaux, il s’est réapproprié la vidéo courte, dynamique et en boucle, qu’il s’agisse de boomerang ou de gifs animés. Maintenant que nous parlons tous ce même langage, il ne nous reste qu’à dire ensemble des choses intéressantes.

Une image vaut 1000 mots, une vidéo vaut 1000 images et une boucle les multiplie à l’infini !